Böker Bronco, couteau outdoor universel

Face à l’intérêt que représente les petits couteaux de camp à lame fixe, légers, de construction simple, je me suis mis en quête du couteau universel, c’est-à-dire le plus polyvalent possible et qui pourrait plaire au plus grand nombre avec une limite de prix de 200 euros.

Les Mora d’entrée de gamme restent dans leur ensemble des couteaux d’un excellent rapport performance prix pour l’outdoor. J’ai donc cherché d’autres petits couteaux lame fixe polyvalents et j’ai trouvé un couteau Böker. Il s’agît du Bronco.

Je remercie d’ailleurs le site français Before Outdoor qui m’a permis de présenter ce couteau.

Ces couteaux sont censés être soumis à de rudes épreuves et pour supporter les chocs il leur faut un bon acier résilient. Un des aciers qui vient à l’esprit pour satisfaire ces critères c’est le CPM-3V, un alliage américain de Crucible Industries obtenu par la métallurgie des poudres et qui fait partie des plus résistants à la rupture, du fait de sa tolérance aux chocs et son élasticité. Le risque d’ébréchures est ainsi limité. Ces propriétés sont le fait d’un relativement faible taux de carbone et de chrome. L’adjonction de chrome permet d’obtenir la résistance à la corrosion mais lors du process, des carbures de chrome sont générés et ils sont d’assez grosse structure, ce qui fragilise l’acier. Moins de chrome c’est donc plus de résilience, mais l’alliage sera alors moins résistant à la corrosion. Heureusement cette sensibilité à la rouille reste modérée sur le CPM-3V, il faut juste prendre quelques précautions, notamment ne pas laisser trop longuement le couteau au contact de l’humidité. A titre de comparaison le CPM-3V résiste un peu mieux à la corrosion que le D2, or j’ai testé longuement un acier D2 et malgré de très nombreuses expositions à l’eau il n’a pas présenté le moindre point de rouille. On peut donc être confiant avec le 3V concernant sa résistance à la corrosion.

Donc si on privilégie la solidité, ce qui me semble un critère important pour une lame fine et donc tranchante et que l’on n’utilise pas le couteau dans un environnement particulièrement humide ou marin, alors ce Bronco me semble avoir des caractéristiques très intéressantes. Un acier 420HC à la solidité comparable aurait aussi pu faire l’affaire, il est très résistant à la corrosion mais il s’émousse vite. Ca aurait fait un couteau à petit prix, mais attention, l’expérience nous montre que pour ces lames fines il faut aussi suffisamment de dureté pour maintenir le fil en bon état.

En métallurgie on doit faire des compromis. S’il y a plus de 70 aciers que j’ai recensé en coutellerie ce n’est pas par hasard. Cette diversité c’est pour répondre à un besoin, et notamment de pouvoir choisir l’alliage en fonction de l’usage auquel se destine le couteau, mais aussi de la géométrie de sa lame. C’est tout un cahier des charges qu’il faut prendre en considération pour concevoir un couteau. On peut donc obtenir plus de résistance à la casse avec une bonne conservation du tranchant, mais au détriment de la résistance à la corrosion par exemple.

Un petit mot sur l’entreprise Böker au logo symbolisant un arbre. C’est une entreprise basée en Allemagne dans la Cité des Lames de Solingen depuis 1869. Plus de 150 ans d’expérience qui a fait de Böker un leader mondial de la coutellerie industrielle. Böker fabrique tout types de couteaux.

Au déballage ce Bronco m’a fait meilleure impression qu’en photo. Il inspire confiance et semble solide. C’est un bon début.

Ce couteau Bronco n’est pas un concurrent direct du Venture car il est bien plus cher du fait de son acier bien plus haut de gamme. Près de deux fois plus cher que le Venture et une cinquantaine d’euros plus cher que le Venture pro et son étui un peu gadget.

Ce Bronco est par contre clairement un concurrent du Benchmade Puuko, car il a des caractéristiques très similaires. Le Bronco a été conçu pour être polyvalent. Böker annonce que ce couteau se destine aux activités deplein air comme le bushcraft, la randonnée, le camping, la pêche, la chasse et qu’il est adapté pour les équipes de recherches et de sauvetage. Le couteau parfait n’existe pas, mais un petit couteau pratique à transporter, solide et polyvalent ça peut se concevoir et je pense que ce Bronco en est l’exemple.

La lame de forme drop point est d’émouture sabre. C’est l’émouture la plus polyvalente qui permet d’effectuer des tâches fines mais aussi plus lourdes car le tranchant s’élargit ce qui rend la lame assez solide. Le couteau peut effectuer des opérations de bushcraft mais gardez à l’esprit que ça reste un petit couteau et qu’il ne faut pas trop lui en demander.

Je l’ai testé en batonnage sur de petites bûches et il a bien encaissé. Il s’est même révélé très efficace. La soie traversante assure rigidité et solidité de la structure. Le talon dépassant à bords saillants permet de gratter l’allume-feu qui est livré fixé à l’étui. On a aussi un trou pour passer une lanière en fin de manche.

Concernant ce manche, il est comme le Venture Victorinox formé en TPE, Thermo Plastique Elastomère. Il est cependant plus caoutchouteux. Il y avait sensiblement la même texture de manche sur des couteaux Steel Will, une marque qui proposait d’excellents couteaux de milieu de gamme et qui a subitement disparue des radars. L’avantage d’un manche TPE caoutchouteux qui englobe complètement la soie traversante c’est qu’il absorbe les vibrations pour plus de confort et empêche le contact avec l’acier. C’est important quand les températures sont très fraîches car l’acier est un conducteur qui va pomper la chaleur de la main. La structure antidérapante assure la prise en main en conditions humides.

La question qui va se poser avec ce petit Bronco par rapport à son prix, c’est est-ce qu’on n’aurait pas intérêt à s’orienter vers des modèles de construction full tang dont le manche serait formé de plaquettes en micarta.

L’avantage d’une construction full tang avec manche formé de plaquettes c’est qu’on peut les remplacer assez facilement si nécessaire si elle sont fixées par des vis. Avec un manche thermoformé fixé sur la soie ce serait bien plus compliqué. Cependant la garantie à vie du Bronco est rassurante. La garantie comprend les pièces de rechange et les frais de main-d’œuvre. Cependant comme pour chaque marque , les dommages qui proviendraient d’une mauvaise utilisation du couteau ne sont pas couverts par la garantie. Néanmoins si le manche en TPE se détériore ou se désolidarise de la soie de manière anormale, ce sera en principe couvert par la garantie Böker.

Un manche dont la soie affleure en surface est également plus solide, notamment pour encaisser les chocs si on pratique le bâtonnage.

Cependant il faut aussi tenir compte des avantages d’un manche recouvrant en TPE comme celui du Bronco, qui procure un bon amortissement des vibrations et limite les déperditions de chaleur par temps froid en raison de la très faible conductivité thermique de cet élastomère. Je précise qu’il n’y a pas d’espace entre la soie et le manche et donc peu de risque d’intrusion d’eau sous le manche. Donc peu de risque de corrosion cachée. On peut simplement regretter que le manche ne soit pas un peu plus large pour avoir plus de surface de contact avec la paume de la main et ainsi mieux répartir la pression quand il y a nécessité de forcer. Mais je ne saurais que trop conseiller d’utiliser des gants quand vous entreprenez des tâches intensives avec votre couteau.

L’étui en cuir c’est aussi du sérieux. Le couteau se range profondément dans l’étui. Une bonne rétention et protection est assurée. En général le cuir intérieur assure une bonne adhérence d’autant que là il est en contact avec le TPE caoutchouteux et les sculptures du manche. Le cuir épais et rigide garantira sans doute une très bonne longévité à cet étui d’autant que les coutures semblent aussi de qualité. Le cuirconfère à l’ensemble une touche de rusticité et de prestige car il s’agit d’un matériau naturel et noble utilisé depuis des millénaires et dont la qualité est rarement égalée par des matières synthétiques.

Une large boucle avec bouton à pression permet de fixer le couteau à la ceinture ou sur un sac à dos selon deux positions (haute ou basse).

Le firesteel fourni avec le couteau et fermement fixé sur l’étui dans un petit fourreau en cuir, est fabriqué par le leader mondial Light My Fire. Ca me semble être l’équivalent du modèle Army. Ce firesteel pèse 38 g. Il peut être déclenché 12000 fois. Autant dire qu’il peut presque servir toute une vie. Vous pourrez l’enlever si vous souhaitez vous alléger pour le transport.

J’ai effectué différents tests avec le Bronco et je dois dire qu’il fait désormais partie de mes couteaux préférés. C’est un petit couteau qui inspire confiance. Il ne tranche pas aussi facilement que le Victorinox Venture et c’est normal car son émouture s’élargit davantage derrière le fil, mais se révèle performant dans la plupart des tâches. Le test de coupe de paracord est très concluant, comme lever des copeaux de bois, effectuer de petits bâtonnages, couper des aliments. C’est un couteau maniable, bien équilibré et malgré son design assez basique, je trouve qu’il a un joli style.

Pour conclure, le point fort du Bronco c’est indéniablement sa lame en acier CPM-3V, un des meilleurs alliages pour les couteaux outdoor du fait de sa solidité. Sa lame plus longue que celle de ses concurrents est aussi un atout pour certaines tâches. La finition stonewashed qui limite la visibilité des rayures est gage de conserver ce bel aspect. L’émouture sabre est efficace pour de multiples usages. La poignée est ergonomique et offre un très bon grip.

Le couteau est associé à un très bon étui en cuir et un firesteel d’une valeur d’environ 16 euros.

Le Bronco est donc d’un bon rapport qualité/prix si on prend en compte tous ces éléments : étui cuir de bonne facture, firesteel de qualité et surtout son acier.

Je considère le Bronco comme étant un excellent petit couteau outdoor. Un couteau fiable qui mérite d’être connu.

Si Böker pouvait également proposer un modèle équivalent avec des plaquettes en micarta ou G10 je pense qu’il ferait encore plus d’adeptes.

Ce Bronco correspond au type de couteau universel à embarquer lors de balades nature. De petite taille, suffisamment léger pour être facilement transporté, agréable à manier, avec un manche qui procure adhérence et un bon amortissement des vibrations, et surtout une lame solide. Il coche à mon sens tous les critères d’un bon petit couteau outdoor.

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